top of page

« Ventre affamé n’a point d’oreilles. » CATON L’ANCIEN, en 184 av. J.-C.

Photo du rédacteur: lci focuseduclci focuseduc

Dernière mise à jour : 11 mars 2022



Nous utilisons très souvent l’expression «Ventre affamé n’a point d’oreilles » sans en connaitre vraiment l’origine et le contexte de la citation. Son inventeur, Caton l’Ancien, dit aussi le Censeur (234-149 av. J.-C.), est une figure importante de la Haute Antiquité romaine. Cet orateur brillant passe pour un exemple de rigueur morale, à la vie simple et austère. En latin, cato évoque d’ailleurs un esprit vif et avisé. Le personnage se réclame d’une république égalitaire, agricole et conquérante, luttant contre la débauche et le luxe qui gagnent la société. C’est l’un des derniers gardiens d’une Rome sur le point de disparaître, menacée par sa propre expansion et par le pouvoir grandissant des généraux. Le Censeur condamnait avec mépris les plaisirs de la table et se méfiait des actions commandées par les sens. Ainsi, son biographe Plutarque rapporte cette anecdote : le peuple romain réclamait, à cor et à cri, une nouvelle distribution de blé non prévue par l’État. Caton s’opposa énergiquement à cette mesure démagogique, adressant de vifs reproches à ses concitoyens : « Il est difficile de parler à un ventre, citoyens, car il n’a pas d’oreilles. » Il lança aussi à un homme obèse : « À quoi peut servir à la patrie un corps où, du gosier à l’aine, tout l’espace est occupé par le ventre ? »

Dix-huit siècles plus tard, La Fontaine adapta la formule en vers octosyllabiques dans sa fable «Le milan et le rossignol ». Pris dans les griffes du rapace, le « héraut du printemps » veut l’amadouer en lui sifflant sa plus belle chanson. « Vraiment, nous voici bien : lorsque je suis à jeun, tu me viens parler de musique », lui rétorque le milan. Sa conclusion est sans appel pour le malheureux rossignol : « Ventre affamé n’a point d’oreilles. »

SOSSIEHI

6 vues0 commentaire

Comments


bottom of page